_"Le
terme "Raku" contenant une multitude de références tant historiques que
contemporaines, philosophiques que techniques, comment savoir de quoi
l’on parle lorsque l’on emploi ce mot ?
_La pratique "Raku " consiste en la cuisson de pièces céramiques
émaillées et cuites entre 900 et 1000°, afin d’obtenir la fusion des
émaux. A partir de ce moment (...), là où le potier traditionnel éteint
son four et attend qu’il soit froid pour sortir ses pièces, le potier de
Raku va ouvrir son four à chaud(...) et, à l’aide de pinces, il va
défourner ses pièces incandescentes pour(...) les enfouir dans de la
sciure de bois, des copeaux, des journaux etc...(...) Dans cet instant
le choc thermique est d’une violence extrême. L’émail craquele(...),
mais ce choc thermique peut tout aussi bien faire casser la pièce. Une
fois déposée dans la sciure, ou tout autre matériau combustible, la
pièce subit un "enfumage". Si l’on a laissé des parties non émaillées
sur le pot, celles-ci deviendront noires, irréversiblement, par l’action
du carbone. La fumée pénétrant dans les craquelures de l’émail va
révéler celles-ci en les noircissant.
_Ceci pour les grandes lignes d’un principe de cuisson particulier, où beaucoup de phénomènes se produisent essentiellement "après" la cuisson. C’est à dire, au moment où tout est joué pour les autres potiers, pour nous : Tout commence.
Le Raku tel qu’il est pratiqué en Occident par les céramistes contemporains n’a certainement qu’un lointain rapport avec ses origines qu’il faut peut-être rappeler. Cette pratique naquit au Japon au 16 ème siècle, alors que dominait la porcelaine chinoise, fine, décorée et irréprochable tant dans ses formes pures que dans son émail virginal. Mais ceci ne correspondait pas à cette nouvelle pratique culturelle, la Cérémonie du Thé, élaborée par Rikyu sur la base du Wabi. C’est autant pour la "manière de faire" cette céramique, que pour ses résultats (asymétrie des formes, craquelures, rugosité, épaisseur de l’émail) que le Raku va être adopté et développé au Japon car il y aura une adéquation parfaite entre cette nouvelle philosophie du Thé et ce nouvel art céramique. Depuis 400 ans des générations de potiers "Raku" ( Raku-Kenzan, Raku-Keinyu..."Raku" devenant un titre honorifique au Japon) perpétuent cette pratique devenue une réelle culture développée essentiellement autour des bols à thé, et de pots à eau(...).
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Chacun peut donc avoir sa définition personnelle du "Raku" qu’il pratique, car elle peut-être synonyme de liberté et permet la recherche de soi-même.
« le Raku est, avant toute considération technique, un état d’esprit. Il consiste à provoquer des" accidents" plus ou moins contrôlés, et chaque pièce entraîne un accord ou un refus de cet accident. En cela le Raku est exigeant car il nous confronte à nous même sans complaisance, il demande de la rigueur et de la fantaisie, du savoir faire et de l’improvisation, de la douceur et de la violence. Peut-être nous passionne-t-il autant parce qu’il sait se nourrir de toutes ces contradictions qui font la richesse des êtres »." Christine Fabre in Dossiers d’Argile. Le Raku : Camille VIROT |